L’oncle Charles Clouet avait, par sa mère, des cousins d’Olbec en Suisse.
Ils profitent du voyage pour lui rendre une visite. « En passant par Sion, j’ai vu d’Olbec et l’avais laissé à peine convalescent. » Nous ne détaillons pas ici la description longue de la maladie et de l’entrevue…
Le soir, ils sont à Martigny.
Et puis, ils passent la nuit du 6 au 7 septembre à l’hospice du St-Bernard.
« … Nous avions pris des mulets. … Une demie heure avant d’arriver à l’hospice, nous sommes tombés dans un brouillard des plus épais qui ne nous a plus quitté et qui, dans la soirée, a dégénéré en une pluie battante qui durait encore le lendemain à 2h de l’après-midi. La course, en allant, ne m’avait point fatigué. J’ai eu cependant de la peine à respirer pendant la dernière heure de montée que j’avais mis pied à terre à cause du froid. Cette appréhension venait de la raréfaction de l’air et je l’ai conservée tout le temps que j’étais à l’hospice. Antoine en a été plus incommodé que moi. Le lendemain matin, il en était tout malade … »
Et puis, comme 4 jours avant à Loeche, les mondanités inattendues sont au RV :
« Les bons pères ont été fort aimables. Nous avons soupé avec eux parce qu’alors nous n’étions que des hommes parmi les voyageurs, mais pendant le soupé, on est venu annoncer que six voyageurs étaient au salon et devinez qui nous y avons trouvé… C’était M. et Mme de Courvel.
Au loin on a bientôt refais connaissance et les questions : comment vous voilà ? Où allez vous ? d’où venez-vous ? Ils venaient de Genève, allaient à Turin par la vallée d’Aoste et pour rentrer en France par le Mont Cenis. Le lendemain, il fallut quitter cette bonne société et, par une pluie effroyable, … Je ne sais pas me résoudre à me tenir sur un mulet pour recevoir la pluie tout le long du chemin, en sorte que je lâchais Carabin, c’était mon mulet, et je revins à pied jusqu’à une petite lieue de Martigny où j’arrivais très fatigué. »
10 septembre ! Très exactement deux mois que le voyage a commencé ! Mais la lassitude commence à être au RV.
« Sans doute les hôtels du Col de Balme, du Schwarbach sur le Gemmi, du Grimsel, .. ne sont pas bons, mais pour moi qui aime les pommes de terre bouillies, je me tirais d’affaire. Il n’en était pas de même pour le coucher. Je suis vieux et j’ai besoin de réparer, la nuit, les fatigues du jour. C’est ce qui m’est rarement arrivé dans les lits suisses. »
« De là [Martigny], nous sommes partis pour le col de Balme qu’il a encore fallu descendre à pied. Le mauvais temps nous avait obligé, en venant, de passer par le col de la Tête Noire qui est très beau à voir, sans doute, mais qui a des chemins épouvantables. On en fait un neuf.
Enfin, pour achever cette tournée et regagner son gîte, il fallut encore descendre pendant une heure et demie la montagne de la Fourcade qui nous mena à Martigny. Ce n’a été qu’au bas de tout cela que j’ai regrimpé Carabin. En vérité, j’avais les genoux brisés de toutes ces descentes. Je n’en veux plus et il est bien permis de dire cela quand on a monté et descendu dix ou onze des plus hautes montagnes de la Suisse. Quand je serai remis de toutes ces fatigues, je présume que leur souvenir me sera cher, car il est bien vrai que leur vue m’a causé de douces émotions. Mais quant à présent, ce que j’aspire à voir, c’est mon clocher. »
Il fallait bien que le Mont blanc soit au RV:
« Le jour suivant, … malgré le mauvais temps, notre persévérance a été récompensée : nous avons pu voir pendant près de 3 heures, le grand assemblage du Mont Blanc, dégagé de nuages, et le soleil éclairait la mer de glace... Bien nous a pris d’être matinal, car en descendant le Montauvert, nous avions déjà la pluie sur le dos et il n’était pas encore 9h du matin. Cette journée a été bien rude. Il est vrai que c’était le bouquet !... Nous avons descendu le Montauvert par un petit sentier qui aboutit aux sources de l’Arveyron, au bas du glacier des Bois. C’est un chemin très rapide. C’est là que nous attendions notre guide et notre mulet de Martigny. »