C’est par une lettre que Jacques-Marie MARRIER prévient le prétendant, le 13 juin 1807, sans beaucoup de précautions : « Mon cher ami, ... J’ai une grande nouvelle de famille à t’apprendre : M. L’Arminat, fils d’un ancien commissaire des guerres chevalier de St-Louis, né à Verdun et ayant 30 ans, épouse Victorine de Bois d’Hiver. On m’a annoncé ce mariage avec réserve parce que tu sais que toute sa famille formait un autre projet et qu’en général, tous ceux qui la composent, croyaient qu’il aurait un jour son exécution. Il est des choses de la vie dont il faut savoir se consoler. Au fait, M. L’Arminat est fort bien au physique. Il est grand, bien fait, sa manière d’être dans la société est très agréable, il a de l’esprit et de l’instruction. On assure qu’il aura de la fortune. Son état n’est pas brillant. Il est garde général, mais il a l’espoir d’être fait inspecteur, ce qui le conduirait à remplacer le beau-père, si toutefois la place de capitaine forestier, qui est fort agréable à Fontainebleau, n’est pas donnée à un favori de la fortune qui, sur les champs de bataille, aurait eu le regard de sa majesté. …
… Ta jeune cousine qui a 17 ans est très bien, mais je trouve que l’on se presse de la marier. Elle semble délicate et, du reste, trois ans d’attente auraient contribué à la fortifier. C’est Mme de Bois d’Hyver qui a travaillé cette union dans le silence, et quoique, depuis près de trois mois, nous fussions instruits de ce qui se tramait, on a essayé de nous faire croire que, la veille de mon départ de Fontainebleau, on ne savait rien. » (lettre du 13 juin 2017)
Un revirement intéressé ?
Jacques-Marie MARRIER fait état d’une hypothèse sur le revirement de son frère : « Tu n’auras pas été peu étonné d’apprendre la promptitude avec laquelle M. et Mme de Bois d’hiver se sont déterminés à consentir au mariage de Victorine avec M. de Larminat. J’ai lieu de croire que mon cher frère, s’apercevant que mon futur neveu, était fortement épaulé par le commandant de l’école militaire, a craint de voir passer sa place à ce jeune forestier et que sa femme, qui ne perd jamais de vue ce qui cadre avec ses intérêts, a arrangé les choses de manière à ce que, en cas d’évènement, les émoluments restassent dans la communauté. C’est ce que j’ai dû conclure de tout ce qui m’a été dit par la famille Boursier qui est à Paris depuis deux jours. » (lettre du 17 juin 2017)